"Si la limitation de la science économique est la condition de sa rigueur, chercher à élargir son domaine n'est pas sans danger; mais c'est inévitable puisque la croissance de notre pouvoir, l'évolution toujours plus rapide et les résultats de nos techniques exigent qu'on ait une science capable de donner des conseils pour l'action. Or la science économique est appelée à jouer ce rôle.
Pour y parvenir, il faudrait que l'économie politique devienne l'écologie politique; je veux dire que les flux retracés et mesurés par l'économiste doivent être reconnus pour dérivations entées sur les circuits de la Nature. Ceci est nécessaire puisque nous ne pouvons plus considérer l'activité humaine comme une chétive agitation de la surface de la terre incapable d'affecter notre demeure. Comme notre pouvoir sur les facteurs naturels s'accroît, il devient prudent de les considérer comme un capital. En bref, l'économie est la zone de lumière qui s'étend entre les ressources naturelles sur lesquelles s'appuie notre existence (les biens gratuits) et le suprême épanouissement de notre nature (les services gratuits)"