Dossier : Délocalisations/Désindustrialiation

 

 

Notions de base et commentaires

Le mythe du déclin

Désindustrialisation et Délocalisations : de quoi parle-t-on ?

"Désindustrialisation et délocalisations : ces deux termes sont donc utilisés de façon relativement indifférenciée dans le discours politique pour évoquer la réorganisation des économies d’ancienne industrialisation dans un contexte profondément bouleversé, à la fois par une mondialisation sans précédent avec la montée en puissance de la Chine et de l’Inde, réserves inépuisables de main d’oeuvre qualifiée ou potentiellement qualifiée et à bas coût, et par la révolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Leur connotation négative sur le plan sémantique, au contraire de « tertiarisation » ou de « projection internationale des firmes », est bien révélatrice de l’inquiétude suscitée par ces phénomènes. Mais que signifient réellement ces termes ? S’ils ne sont pas assimilables, ils ne sont pas absolument indépendants." (Fontagné et Lorenzi, 2005, p. 11).

Les indicateurs du phénomène (rapport Grigron (2004), synthèse dans Problèmes éco n°2.859)

(1) La lecture des 'Investissements Direct à l'Etranger (IDE) afine notre compréhension du phénomène de délocalisation et de désindustrialisation

(2) lecture par le commerce extérieur

(3) la transformation de l'outil productif industriel

Conclusion : un enjeu limité sur un plan national mais un enjeu territorial décisif !

Tertiarisation de l'économie

Directive Bolkestein

 

A retenir en priorité

BEFFA J. L. (2005), Pour une nouvelle politique industrielle, La Documentation Française, Rapport pour le Président de la République, dévoilé le 04 janvier 2004. (Membres : notamment Patrick Artus (CDC Ixis), Robert Boyer (Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales) et Lionel Fontagné (Cepii) )

CAMDESSUS M. (2004), Le sursaut - Vers une nouvelle croissance pour la France, Rapport pour le MINEFI. (Membres du groupe : notamment P. Artus et O. Blanchard)

Sénat (Francis Grignon, Rapporteur) (2004), Délocalisations : pour un néo-colbertisme européen, Rapport d'information n° 374 (2003-2004), fait au nom de la commission des affaires économiques, déposé le 23 juin. Sommaire.

Le rapport de Francis Grignon sur la délocalisation des industries de main d’oeuvre recommande notamment de substituer aux charges sociales une taxe à la valeur ajoutée, dite « taxe à la compétitivité » et fait des propositions pour fonder un « néo-colbertisme » européen.

Assemblée Nationale (2004) : Rapport d'information sur la désindustrialisation du territoire (M. Max Roustan, Rapporteur) : Audition de M. Jean-Louis Levet, chargé de mission auprès du Commissaire général du Plan, Mars. Conclusion du rapport.

Le rapport parlementaire de Max Roustan conclut que la France ne subit pas de désindustrialisation mais que compte tenu des spécificités géographiques certains bassins de monoindustrie et d’industries traditionnelles traversent de graves crises. Il souligne enfin que l’État ne peut se contenter d’intervenir a posteriori mais doit anticiper, faire preuve de volontarisme, devenir État stratège et préconise notamment à court terme une réforme de la taxe professionnelle.

 

DATAR (2004), "La France, puissance industrielle. Une nouvelle politique industrielle par les territoires", Février. Synthèse.

Ce rapport de la DATAR souligne qu’il vaut mieux parler de mutations industrielles que de désindustrialisation et préconise une politique d’aménagement du territoire visant à promouvoir la création et le renforcement de pôles de compétitivité regroupant les entreprises, les réseaux technologiques conjuguant la recherche publique et privée ainsi que les établissements d’enseignement et de recherche.

Artus P. et Cette G. (2004), Productivité et croissance, Rapport au CAE, n°48.

Artus P. (2004), "Productivité et croissance : politique et stratégie sectorielle", in Artus P. et Cette G. (2004), Productivité et croissance, Rapport au CAE, n°48.

A retenir :

Une question centrale : Est-il envisageable de rester compétitif dans l'industrie européenne ?

Cela pose deux questions notamment pour l'Allemagne qui a choisi de rester un pays industriel :

- les pays européens peuvent-ils réduire leurs coûts de production, par la productivité, les saliares directes, les charges sociales, ou encore les parités de change, de manière à rester coméptitifs pour l'ensemble de l'industrie ?

- les coûts salariaux vont-ils s'accroître rapidement dans les pays émergents en forte croissance, ce qui leur ferait perdre un de leurs avantages comparatifs majeurs ?

Réponses :

- oui à la première question.

Grâce à des efforts de productivité dans l'industrie, l'Allemagne regagne des parts de marché à l'exportation depuis le début de cette décennie, alors que la France les conserve juste et que les Etats-Unis en perdent.

La performance à l'exportation tient aussi à l'intégration économique et commerciale du pays dans une zone en croissance forte : l'Allemagne avec les PECO. La part des PECO dans les exportations et les importations de l'Allemagne a elle aussi fortement augmenté : elle est proche de 10%, contre 2% il y a dix ans.

Le problème de l'Europe : faiblesse des commandes publiques et des contrats de R&D, donc besoin de budgets publics d'investisssements en technologie (militaire, espace, télécom, ...) et aides publiques à la recherche privée en dehors des contraintes du Pacte de stabilité.

- à la seconde question : réponse évasive de Artus

Ce que l'on sait :

La hausse des salaires nominaux et plus forte que la productivité dans les PECO.

Les pays émergents d'Asie enregistrent en revanche des gains de compétivité et de parts de marché élevés par rapport à l'Europe, de même que des hausses de salaires et des politiques de change favorables.

Préconisations : Une stratégie à deux composantes

- améliorer la compétivité industrielle sous conditions :

accroître les gains de productivité

insertion commerciale et économique dans zone en croissanc (PECO)

augmentation des dépenses publiques dans nouvelles techno et R&D en TIC

- créer des emplois peu qualifiés dans les secteurs peu sophistiqués (services aux particuliers, construction, tourisme, distribution, ...)

Artus cite l'exemple américain dans ce domaine mais est-ce une lecture adéquate de la structure des emplois créés par qualification ? Pour cela il vaut mieux voir l'ouvrage de Brender et Pisani (2004).

 

 

Pour aller plus loin

Rapports

Christian Blanc (2004), "Construire un ecosystème pour la croissance", Rapport au Premier Ministre, Mars.

CNUCED (2004), WORLD INVESTMENT REPORT 2004.

Le Rapport sur l´investissement dans le monde, 2004 présente les tendances les plus récentes de l´investissement étranger direct (IED) et analyse la montée en puissance des services, en particulier la délocalisation des activités de services.

La Première partie est consacrée aux tendances récentes, mondiales et régionales, de l´IED et de la production internationale des sociétés transnationales (STN). Les flux mondiaux d´IED sont repartis à la hausse en 2003, avec cependant des différences entre les régions. Au niveau sectoriel, on observe une montée en puissance des services. Les flux d´IED en provenance de pays en développement sont également en hausse. On escompte par ailleurs une progression des flux d´investissement vers ces pays en 2004 et au-delà.

La Deuxième partie traite de l´IED dans les services - question importante, mais souvent négligée dans le contexte du développement. On y examine la progression de l´IED dans le secteur des services, en particulier l´entrée de STN dans de nouvelles activités de services. Les IED dans les services, notamment dans des services intermédiaires et des services d´infrastructure, influent sur la performance économique du pays d´accueil dans tous les secteurs. La délocalisation de services d´entreprise est en hausse rapide grâce aux progrès des technologies de l´information et de la communication. Toutefois, le potentiel de ces délocalisations ne peut être mis à profit que si les pays adoptent des politiques appropriées.

La Troisième partie analyse d´importantes questions concernant les politiques nationales et internationales en matière d´IED dans le secteur des services. De nombreux services étant profondément enracinés dans le tissu social, culturel et politique de la société du pays d´accueil, l´IED peut avoir de vastes incidences sur ces services. Les politiques nationales sont donc importantes, non seulement pour attirer des investisseurs, mais aussi pour tirer le plus grand profit possible de l´investissement et en réduire les incidences négatives potentielles. La multiplication des accords internationaux d´investissement couvrant l´IED dans le secteur des services a engendré un réseau dense et complexe de règles internationales qui influent sur les politiques nationales.


Charles-Albert Michalet (2004), Retombées des délocalisations en MEDA, Etudes Anima N° 8.

Commissariat Général au Plan (2003), Les aides publiques aux entreprises : une gouvernance, une stratégie. Rapport sous la direction de Jean-Louis Levet. Jean-Louis LEVET, Charles ASTIE-GRIFFITH, Christine GAVINI, Jean GUELLEC, Annick MAISONNEUVE, Dominique NAMUR, La Documentation Française.

Exemples industriels spécifiques :

Etudes ANIMA (réseau méditeranéen des agences de promotion de l'investissement) :

Etude comparative de l'attractivité de pays MEDA pour le secteur de la confection-textile-habillement AFII. Regarder notamment : chap. 3 : Un puissant mouvement de délocalisation hors d’Europe (pp. 33 à 44)

Marty F. (2004), Les conventions entre gestionnaires d’infrastructures aéroportuaires et compagnies aériennes face à la politique européenne de concurrence. Regarder notamment I.1 Les politiques publiques de soutien à l’attractivité des territoires : Quels instruments pour quelle efficacité ?

Publications

Problèmes économiques (2004), Faut-il avoir peur des délocalisations ?, n° 2.859 du 29 septembre.

Hout T. et Lebreton J. (2004), "Amérique et Chine : les vrais enjeux", pp. 16-18.

A retenir :

- L'exemple du marché des produits d'equipements : pénétration faible des produits chinois sur le marché américain (3%). La situation globale du marché américain est : 70% de production nationale, 20% Japon et Europe et 10% pays à bas coûts.

- productivité faible de la main d'oeuvre dans les usines chinoises mais compensé par faibles coûts en capital et en maintenance et faible coûts aussi pour main d'eouvre qualifiée (ingénieurs et directeurs d'usines)

- Il est généralement préférable de délocaliser en Chine la production d'une nouvelle gamme plutôt que celle d'un produit existant, car cette opération génére des coûts (repenser conception, trouver fournisseurs) qui risquent d'absorber la totalité de la marge bénéficiaire.

- risques forts dans le transfert de technologie et le respect des droits de propriété intectuelle.

- l'obstacle le plus fort à la délocalisation : le souhait des clients (organismes gouvernentaux surtout).

Cercle des Economistes

Charles-Albert Michalet (2004), Dans le cadre de l’Europe élargie, délocaliser vers l’est ou vers le sud, ce n’est pas la même chose, Cercle des Economistes, Rencontres économiques d’Aix-en-Provence,
Juillet.

Charles-Albert Michalet (2003), Une chance pour renforcer la compétitivité de l'Union Européenne, Cercle des Economistes, Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, Juilllet.

Futuribles

Michel Godet (2005), "Désindustrialisation ou modernisation?", Futuribles, n°304, Janvier, pp. 65-72.

Henri Delangue, Vincent Duchêne et Ugur Muldur (2004), "A l'aube d'une nouvelle vague de croissance ?, La cinquième vague de croissance longue : avec ou sans l'Europe ?", Futuribles, n°300, Septembre, pp. 19-44.

Jean-Jacques Salomon (2004), "La France sur le déclin ?, A propos d'ouvrages récents sur l'Etat de la France", Futuribles, n°299, Juillet-Août.

Gilbert Cette (2004), "Productivité : les Etats-Unis distancent l'Europe", Futuribles, n°299, Juillet-Août, pp. 5-22.

Patrick Artus (2004), "Quelle stratégie de spécialisation en Europe ?", Futuribles, n°299, Juillet-Août, pp. 23-30.

Alain Villemeur (2004), "Europe et Etats-Unis : la divergence économique", Futuribles, n°299, Juillet-Août, pp. 31-44.

Michel Godet (2004), "Les illusions sur la productivité et l'emploi", Forum, Futuribles, n°299, Juillet-Août, pp. 107-118.

Michel Drancourt (2004), "Industrialisation : la destruction créatrice", Futuribles, n°297, Mai.

Diane Berthet et Michl Ternisien (2004), "La désindustrialisation de l'Île-de-France ?", Futuribles, n°297, Mai.

Hugues de Jouvenel (2003), "Sur le déclin de la France", Editorial, Futuribles, °291, Novembre.

Jean Arthuis (2003), "Une tendance lourde : les délocalisations", Futuribles, n°289, Septembre.

 

Dossiers

Melchior

Articles de presse

Christophe ALIX et Muriel GREMILLET et Hervé NATHAN (2005), Social. Après l'annonce des suppressions d'emplois chez Hewlett-Packard, Aides publiques: Villepin s'embrouille, L'accord passé par les collectivités avec le géant informatique ne permet pas d'envisager les sanctions réclamées par le Premier ministre, Libération, samedi 24 septembre 2005.

Hervé NATHAN (2005), Social. Les régions PS surveillent leurs subventions, Les candidats socialistes avaient fait de ce sujet un thème de la campagne régionale en 2004, Libération, samedi 24 septembre 2005.

L'Expansion (2004), Délocalisations: La grande peur française, 27/10/2004

Dominique Nora (2004), "Délocalisation après les usines, les services ?", Le Nouvel Obs, Février, n°2048.

Sabine Delanglade (2004), France
Le déclin de l'empire industriel
, L'Express du 15/01/2004.


Michel Husson (2004), Subvention au patronat : Contrôler les aides publiques, Prends l'oseille et tire toi ! Telle est la devise appliquée par bien des patrons lors des délocalisations et autres restructurations, Revue Rouge, Février.

 


 

Mis à jour le 25 Septembre 2005