Centre de Préparation aux Concours

CPAG, Commissariat aux Armées et Master 2 Carrières publiques

Grands Problèmes Economiques

2005-2006

 

Introduction générale : l'Etat contre le marché : un faux débat ?

Comment a-t-on construit l'idée que l'espace public et l'espace privé sont opposés ?
Comment a-ton construit le modèle du marché pur et de la loi de l'offre et de la demande ?
Les critiques
- le fonctionnement des marchés réels
- la critique des anti-utilitaristes : toute action économique est socialement située
- la notion récente gouvernance et de partenariat public - privé

Bref, sortons d'une illusion, celle d'une dichotomie fondée sur des appartenances idéologiques…

Quelques idées et concepts à retenir :

1) l'opposition Etat - marché ne semble pas tenir si l'on considère de manière sérieuse la philosophie libérale
Pas de contradiction non plus avec la socio-éco : toute action économique est socialement située
D'où la possibilité d'intégrer la notion de développement durable

2) le fonctionnement concret des marchés invite à considérer qu'il n'y a pas opposition. Plusieurs concepts aident à considérer cela :

- Régulation
- Gouvernance
- Partenariat public - privé
- Etat stratège, prospective, intelligence économique

Quelques repères théoriques

 

La (Les) philosophies libérale(s)

Francisco Vargas (2002), Les fondements philosophiques du libéralisme, Libéralisme et éthique, Ed. La Découverte.

"Nous appelons libéralisme classique un idéal de société (ou projet politique) qui se forme à partir de 1740 en Europe et en Amérique. Il s'agit d'un idéal qui prône un large espace de liberté personnelle, religieuse, littéraire, économique, etc., un espace de liberté beaucoup plus étendu que celui qui avait été revendiqué dans le passé immédiat, y compris par les philosophes les plus éclairés, Spinoza (1632-1677), Locke (1632-1704). Nous parlons de l'idéal de société souhaité par Adam Smith et David Hume au Royaume Uni, Turgot et Condorcet en France, Thomas Jefferson aux Etats-Unis, Humboldt et Kant en Allemagne.

C'est cet idéal qui a inspiré les réformes tentées par Turgot pendant son court ministère (1774-1776), celles qu'a réalisées la Révolution française pendant sa phase modérée (1789-1791), les institutions que s'est données la jeune République américaine après son indépendance (1776) et les réformes menées aux Royaume-Uni après la fin des guerres napoléoniennes (abolition des Corn Laws, réforme des Poor Laws, etc.)

Mais ce trait commun (vouloir plus de liberté) est insuffisant pour identifier le libéralisme classique et surtout le libéralisme classique est délimité à chaque extrémité par deux familles de penseurs avec lesquelles il est souvent confondu. A l'un de ses frontières, il y a des théoriciens de la liberté et des droits, comme Locke qui admettait encore l'esclavage et la censure. A l'autre frontière, il y a des auteurs ultralibéraux comme Frédéric Bastiat et Herbert Spencer, qui refusaient que l'Etat s'intéresse à l'infrastructure, à l'éducation, à l'aide aux démunis ou à l'hygiène publique.

Ajoutons qu'à part cette revendication de plus de liberté, les libéraux classiques étaient en désaccord sur un nombre important de sujets. Certains - comme Turgot - souhaitaient un roi philosophe pour instaurer le régime de leurs vœux ; d'autres comme David Ricardo et Bentham (sans se faire d'illusion sur la démocratie), comptaient sur l'extension du droit de vote ; Certains d'entre eux (Condorcet, Humboldt et Jefferson) étaient favorables à un grand service public pour l'éducation, tandis que d'autres (Adam Smith et John Stuart Mill) préféraient un rôle plus modeste pour l'Etat qui se limiterait à compléter les insuffisances de l'enseignement privé. Certains comme Adam Smith et David Ricardo allaient jusqu'à admettre, en cas de grande utilité publique, l'octroi de monopoles."

Monique Canto-Sperber : le libéralisme n'est pas le laissez-faire. Différencier libéral sens anglo-saxon (démocrate) et libéral au sens français.

2) le fonctionnement concret des marchés invite à considérer qu'il n'y a pas opposition

L'opposition entre Etat et marché ne provient pas d'un projet politique clair et univoque construit par la philosophie libérale (Vargas, 2002). L'opposition entre Etat et marché provient-elle alors de la construction du modèle de marché issue de la théorie néoclassique ? Là aussi il faut faire attention.
La construction de l'économie néoclassique s'est faite sans Etat. Certes, mais elle n'exclut pas son intervention. Celle-ci est construite ex post pour répondre aux défaillances de marché.
Pourquoi ?
Parce que c'est une économie de l'échange.

Défaillances de marché ?
Auto-régulation

Le fonctionnement concret des marchés, des entreprises exige d'aller plus loin. Nous devons alors examiner les conditions d'une régulation éventuellement ex ante. Eventuellement car l'intervention de l'Etat n'est pas toujours nécessaire et parfois non efficace.
Prenons l'exemple de la normalisation
Normes dans l'automobile
Par contre nous pouvons nous interroger sur le statut des accords passés entre acteurs dans des processus de négociation. L'Etat ou plutôt la puissance publique peut alors intervenir parmi d'autres acteurs. Il nous faut alors définir un autre concept : celui de gouvernance.

Gouvernance
Opposer gouvernement à gouvernance
Opposer réglementation à régulation (E. Cohen)

La difficulté véritable pour l'économiste : concevoir les relations de pouvoir dans le cadre des négociations. Les acteurs ne sont pas tous au même niveau et tissent des relations qui ne sont pas seulement contractuelles.

L'Etat animateur et non plus entrepreneur
Les difficultés de l'Etat liées aux entreprises publiques
Partenariat Public - Privé
Critique de Sueur

Pourquoi l'Etat ne disparaît pas ?
à L'aménagement du territoire
à L'Etat stratège
Reformulons : pourquoi l'Etat - nation ne disparaît pas : peut être par manque d'Europe : manque d'une Europe de la recherche, d'une politique industrielle claire, etc…